Université d’automne ORIGINES - Appel à propositions

La parenté par les enfants : interroger la descendance
Pour la clôture du programme, l’équipe ORIGINES organise une université d’automne du 26 au 29 septembre 2022.

Université d’automne ORIGINES - AAP
pdf - 424.5 koCette université d’automne se propose d’aborder les reconfigurations contemporaines des liens entre parents en portant une attention particulière aux perceptions, aux paroles, aux actes des enfants et descendants, et à la position singulière qu’ils occupent dans la parenté.
Cette démarche s’inscrit dans le sillage des recherches conduites au sein du programme de recherche ORIGINES. Le rapport aux origines, interrogé dans ce projet auprès des personnes adoptées ou issues du recours à un tiers en procréation assistée, est en effet devenu emblématique de la manière dont les voix des enfants et des descendants peuvent orienter débat public et changements législatifs . Il offre de manière générale un angle d’approche heuristique et fécond pour analyser des constellations familiales inédites et complexes, devenant parfois pluri-parentales (Martial, 2019 ; Martial, Côté, Lavoie, 2021), que le point de vue des enfants et descendants permet d’éclairer pleinement. Nous souhaitons, durant ces rencontres, déployer plus largement cette perspective et la façon dont elle enrichit ou transforme l’étude des changements familiaux contemporains.
L’histoire, l’anthropologie, la sociologie, le droit ou les recherches conduites en travail social proposent des interprétations multiples de la notion d’enfance. Temporalité singulière, classe d’âge au sein d’une structure générationnelle (aux contours variables selon les contextes), elle représente aussi une position dans la parenté. « Être l’enfant de » relève ainsi d’une catégorie relationnelle qui se traduit notamment (mais pas toujours) par un statut juridique de filiation associé à des droits et des devoirs, par des attachements affectifs, par le partage d’une histoire commune et par des transmissions. Dans l’étude des parentés contemporaines, l’enfance peut notamment être abordée comme une temporalité privilégiée du care et de l’éducation, durant laquelle s’enracinent sentiments de parenté et solidarités familiales, où se tissent liens électifs et parentés d’intention, reconnus ou non par le droit (Weber 2013). Le rôle des enfants en tant qu’acteurs de la parenté est alors à interroger, décrire, analyser (Sarcinelli, 2019-2020). Une fois passé l’âge de l’enfance, ces « enfants de » peuvent être appréhendés en tant que descendants. Désignant classiquement l’ensemble des personnes issues d’Ego (enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants...), la référence aux descendants est ainsi renversée pour envisager la reconnaissance et le vécu des liens tissant la parenté et ses possibles marges, du point de vue des personnes issues de diverses configurations et histoires familiales. La prise en compte de cette perspective dans l’étude des reconfigurations contemporaines de la parenté a émergé à la fin des années 1990, au fur et à mesure que les personnes concernées parvenaient à l’âge adulte. Dans les recompositions familiales (Martial 2003), les situations adoptives (Carsten 2000) ou les constellations issues de la procréation assistée (Côté et al. 2019 ; Martin 2019), relations et statuts sont régulièrement interrogés par les descendants au fil des histoires familiales. Acteurs de leur parenté, ils participent à sa construction et à ses reconfigurations éventuelles tout au long de leur vie, parfois à rebours des pratiques, normes et représentations établies par leurs ascendants (Hertz et Nelson 2019). Regarder la parenté du point de vue des descendants soulève alors de nouvelles questions : peut-on déplacer la notion d’intention, analysée comme une dimension centrale des parentalités contemporaines (Courduriès, Tarnovski, 2020) de la génération des parents vers celle des enfants et descendants ? En quoi leur point de vue, leurs paroles et leurs actes viennent-il révéler des dynamiques relationnelles inaperçues, des zones d’ombre ou des tensions occultées, mais aussi des lieux ou des temps privilégiés de « fabrication » de la parenté ?
En retour, on pourra se demander comment les métamorphoses des familles contemporaines transforment les expériences vécues par les enfants, conduisant ou non à de nouvelles définitions de l’enfance, et questionner la part des relations de parenté dans la fabrication des identités. Si la diversité des formes familiales actuelles constitue un objet privilégié de ces rencontres, les présentations pourront également porter sur d’autres problématiques de parenté où l’analyse de la position et du point de vue des enfants et descendants soulève des questions théoriques, empiriques ou méthodologiques inédites.
Cette université d’automne, qui constitue une offre de formation avancée, offrira un espace de réflexion et de discussion qui réunira, dans un esprit bienveillant et convivial, jeunes chercheur·ses et chercheur·ses confirmés.
Nous invitons les doctorantes, doctorants et chercheur·ses post-doctorant·es intéressés à faire acte de candidature en proposant une communication. Les propositions, limitées à 2 pages, devront comporter un titre et un résumé, et préciser également le statut, l’appartenance institutionnelle éventuelle, la discipline, la direction de thèse (pour les thèses en cours). Elles devront être envoyées aux adresses suivantes : jerome.courduries univ-tlse2.fr et agnes.martial ehess.fr.
Date limite de dépôt des propositions : 15 avril 2022
Réponse aux candidat·es : entre le 2 et le 13 mai 2022.
Crédit image : Children Playing Stencil Art par Phillipa Willits, licence CC BY NC.